La haute bourgeoisie se mobilise pour défendre ses territoires : les beaux quartiers, l’entresoi des cercles, le littoral breton, le château des ancêtres, Paris, les vieilles églises rurales et les paysages sont l’objet d’une vigilance de tous les instants. Objectif : rester entre gens du même monde. La haute société dans sa lutte pour défendre son espace a recours à de multiples réseaux qui se croisent et s’entrecroisent. De l’enfouissement de la RN 13 dans la traversée de Neuilly au combat contre le développement sans principe des éoliennes, de l’action concertée avec le Conservatoire du littoral aux négociations pour le renouvellement des concessions dont bénéficient les cercles installés dans le bois de Boulogne, les mêmes individus et les mêmes familles sont sur le quivive. Une multiplicité d’associations, de comités et autres conseils sont en éveil : le maillage étend ses fils dans tous les domaines de la vie sociale. La grande bourgeoise se retrouve en particulier dans les cercles qui permettent aux gens de pouvoir se retrouver et se concerter, qu’ils viennent de l’économie, de la haute finance, de la politique ou des arts et des lettres. Un tissu d’affinités met au jour l’omniprésence de la grande bourgeoisie dans tous les secteurs où se développent des enjeux spatiaux. Avec un seul but : une recherche effrénée de l’entresoi et la volonté de maîtriser son environnement géographique et social. La grande bourgeoisie, une communauté qui a les moyens de son collectivisme. Les auteurs ont mené l’enquête des rivages bretons aux châteaux de l’Oise, des salons des clubs chics aux locaux des associations de défense du patrimoine, des parcs et jardins aux militants de SOS Paris. Un voyage dans les territoires où la grande bourgeoisie vit et se protège des autres, quitte à former des ghettos de riches.